Les juives et juifs de Suisse se sentent toujours plus menacé-e-s
16.07.2020

Le harcèlement, la discrimination et la peur font partie de la vie quotidienne de nombreuses personnes de confession juive. Elles subissent des attaques antisémites le plus souvent sur l’internet, ainsi que le révèle une enquête menée au niveau national par la ZHAW.

L’année dernière, plusieurs actes de violence à motivation antisémite ont été commis dans le monde entier, avec des conséquences fatales. Une étude de l’European Union Agency for Fundamental Rights (FRA) a également révélé que les attaques contre les personnes de confession juive sont en augmentation de façon générale en Europe. Dans ce contexte, le département de travail social de la ZHAW a mené une enquête nationale pour savoir comment les juifs de Suisse éprouvent et perçoi-vent l’antisémitisme. Au total, 487 personnes ont participé à l’enquête. Celle-ci a été menée en collaboration avec la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA). L’enquête a été réalisée en majeure partie en ligne. L’étude suisse suit de près celle de la FRA datant de 2018 afin d’obtenir des données comparatives.

 

Vitimes de harcèlement et de discrimination

Environ la moitié des personnes interrogées ont déclaré avoir été victimes de harcèlement antisémite à la ville ou en ligne au cours des cinq dernières années. Près des trois quarts partent du principe que l’antisémitisme représente un problème croissant. «Ces chiffres montrent clairement que l’antisémitisme existe en Suisse et fait partie de la vie quotidienne des juifs vivant ici», déclare le responsable de l’étude et directeur de l’Institut de prévention de la délinquance et de la criminalité de la ZHAW, Dirk Baier.

Les canaux de loin les plus courants pour les personnes de confession juive de faire l’expérience de l’antisémitisme sont l’internet et les réseaux sociaux. Près de neuf personnes interrogées sur dix pensent que l’antisémitisme a augmenté dans ce domaine, et près de 50% des personnes interrogées ont vu des juifs insultés ou menacés en ligne. Ils ont rarement subi des violences physiques telles que des lésions corporelles ou des agressions. Les agressions les plus fréquentes sont signalées par des juifs orthodoxes stricts: ils ont presque tous été victimes d’une forme de harcèlement au cours des cinq dernières années. Un sixième d’entre eux signale également des dégâts matériels et des actes de violence.

En ce qui concerne la discrimination antisémite dans la vie quotidienne, 16,2% ont déclaré avoir vécu au moins une expérience au cours des 12 derniers mois. Il existe trois principaux domaines dans lesquels les niveaux de discrimination augmentent: dans les établissements d’enseignement tels que les écoles et les universités, au travail et lors de la recherche d’un logement. Il s’agit moins de restrictions de la vie ou des pratiques religieuses que de formes plus subtiles de discrimination. Dirk Baier est convaincu que «le secteur de l’éducation et du travail représente donc des domaines importants pour le futur travail de prévention». «Les propos discriminatoires sont particulièrem ent marquants et blessants pour les personnes af f ectées quand ils apparaissent de manière subtile dans des situations du quotidien», affirme Dominic Pugatsch, directeur de la GRA.

 

Le sentiment de sécurité diminue

Les expériences révélées par l’enquête ont un impact sur le sentiment de sécurité de la population juive. Ainsi, près d’une personne interrogée sur trois évite au moins parf ois les événements ou les sites juifs ou d’autres lieux dans sa ville natale parce qu’elle ne se sent pas en sécurité sur le chemin pour s’y rendre. Environ un cinquième d’entre elles craignent d’être attaquées verbalement dans des lieux publics au cours des douze prochains mois. De jeunes juif s (16 à 44 ans) et ceux qui ont une forte identité juive ont plus souvent peur et montrent plus de comportements d’évitement que les autres groupes d’âge ou les personnes interrogées à l’attitude plus libérale.

Près des deux tiers se sont déclarés favorables à ce que les autorités accordent à l’avenir une plus grande attention aux besoins de sécurité de la population juive. «Les hommes et femmes politiques devraient donc chercher à dialoguer encore plus avec les communautés juives et proposer des solutions rapides. Les résultats en attestent clairement», affirme Dirk Baier.

 

Renoncement fréquent à porter plainte

Seulement un tiers environ des personnes interrogées ont déclaré avoir signalé leur expérience de commentaires insultants ou menaçants à la police ou à un autre organisme. Cela signifie que deux tiers de ces actes restent dans l’ombre; en cas de dommages matériels ou de violence physique, les taux de signalement sont nettement plus élevés et le nombre de cas non signalés est proportionnellement plus faible.

Aucun type spécif ique d’agresseur ne peut être identifié et, dans certains cas, les agresseurs sont inconnus des victimes. «Sur la base de ces constatations, on ne peut pas conclure que seuls les musulmans ou les personnes politiquement à droite pratiquent l’antisémitisme. Au lieu de cela, il semble provenir davantage du centre de la société», explique Dirk Baier.

 

Cliquez ici pour le rapport (en allemand)

Lien vers le site du rapport de la ZHAW (en allemand)

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