Zoombombing : l’antisémitisme sous une nouvelle forme
01.02.2021

Le zoombombing, un terme de plus qui, comme la valeur Re, la période d’incubation et les masques FFP2, façonne notre vocabulaire de pandémie. Mais qu’est-ce qu’un zoombombing, qui se cache derrière ce phénomène et qui affecte-t-il en particulier ?

Le zoombombing est une intrusion non désirée et perturbatrice lors de vidéoconférences. Parallèlement aux scènes glorifiant la violence, des obscénités antisémites et racistes sont souvent aussi partagées par les haut-parleurs et les écrans laissant les participants complètement déconcertés. Les pirates informatiques étant bien organisés et agissant en groupe, la seule façon de s’en sortir est souvent d’interrompre la diffusion en direct. Le fait que ce phénomène soit bien plus qu’une simple farce est clairement ressorti lorsque le FBI a émis un avertissement officiel en mars.

Les personnes juives particulièrement menacées

Si chacun peut être victime d’un zoombombing, certaines minorités sont particulièrement menacées. Déjà avril 2020, l’Association fédérale allemande des centres de recherche et d’information sur l’antisémitisme (RIAS) avait mis en garde contre le zoombombing à caractère antisémite. A juste titre, comme il s’est avéré : à Londres, une cérémonie à la synagogue a été interrompue par des insultes antisémites. Lors d’un service commémoratif de l’Holocauste à Berlin, des hackers ont perturbé la cérémonie en criant « Heil Hitler ». Les écoles sont également concernées. Lors d’un cours en ligne dans un lycée allemand, une croix gammée est apparue à l’écran.

La Suisse est également concernée

En Suisse également, il y a eu plusieurs cas de zoombombing à caractère antisémite. En mai dernier, un podium de jeunes socialistes en ligne a dû être interrompu, des pirates informatiques se sont connectés à la réunion et ont partagé des caricatures antisémites à travers l’écran de celui qui partageait son écran avec les autres participants. La raison supposée de cette perturbation : l’un des membres du podium était juif.

Au début de cette année, dans une université suisse, une action de perturbation antisémite s’est produite lors d’une conférence sur les études juives. L’université a déposé plainte. Il y a quelques jours, un autre incident antisémite s’est produit lorsque des inconnus se sont connectés à un événement culturel de la communauté libérale juive de Zurich choquant les participants avec des photos d’Hitler et des vidéos de violence sexualisée contre des enfants. L’événement a finalement dû être interrompu.

Scène d’extrême droite

Mais qui se cache derrière ces attaques ? En raison de l’anonymité qui existe sur Internet, il n’est pas toujours possible de répondre à cette question de manière concluante. Il est fort probable que des groupes d’extrême droite soient responsables d’un grand nombre de ces zoombombings. Aux États-Unis, il a déjà été possible de retracer la façon dont les radicaux de droite traquent spécifiquement les événements en ligne juifs afin de, au moyen d’obscénités antisémites, les pousser à les interrompre.

Impuissance et effroi

Bien que les criminels ne puissent pas toujours être identifiés, ces incidents restent graves pour les personnes concernées. En particulier pour les personnes âgées, isolées pendant la pandémie, une telle expérience est très douloureuse. Les événements culturels en ligne offrent une distraction bienvenue à laquelle on peut accéder depuis chez soi. Le fait que les personnes de confession juives soient exposées à une haine aveugle est particulièrement tragique et peut même à nouveau traumatiser les personnes ayant également connu l’antisémitisme dans la « vraie vie ». Particulièrement perturbant, c’est que l’on est exposé à ces scènes effroyables chez soi, entre ses quatre murs. Là, où l’on se sent généralement le plus à l’abri d’une agression.

Le fait que de nombreux organisateurs n’aient pas d’autre choix que d’interrompre l’événement lors de ces zoombombings est tragique. L’interruption ne prive pas seulement les personnes juives d’une distraction bienvenue pendant la pandémie, mais cela les prive avant tout, de la possibilité de faire partie de la vie culturelle et donc de la société.

La triste leçon à tirer de ce nouveau phénomène ? Ce qui est vrai de l’antisémitisme dans la « vraie vie », l’est aussi en ligne. Les institutions juives sont systématiquement visées par des propagations de haine et d’antisémitisme. La vie et la culture juives sont des composantes essentielles de notre société. Qu’elles aient besoin d’une protection renforcée en ligne et hors ligne est une triste réalité en 2021.

Voici des conseils pour vous protéger des zoombombings :

https://www.heise.de/tipps-tricks/Zoom-Sicherheitstipps-fuer-Videokonferenzen-4699394.html

a.gerdes

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